Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/38

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tons ce qu’écrit à ce sujet le chanoine Éveillon dans son Traité des excommunications, publié en 1651, ouvrage qui jouit en cette matière d’une réputation méritée.

Parlant de ces sortes de procès :

« J’en représenterai, dit-il (p. 520), un ici en propres termes, à ce qu’on voit comme souvent les peuples se laissent embrouiller de plusieurs erreurs et opinions absurdes auxquelles les supérieurs ecclésiastiques doivent prendre garde de se laisser emporter par une trop facile condescendance, sous prétexte de charité ; car de cette trop grande facilité naissent souvent des coutumes préjudiciables à la foi et à la religion, qu’il est certainement difficile d’extirper par après sans grand scandale et désordre ; les peuples s’opiniâtrent à toute extrémité à défendre des superstitions et abus publics pour ce qu’ils croyent que ce sont des sainctes sentences de la piété de leurs ancêtres, desquels ils révèrent la mémoire, principalement quand il y a intérêt à leur profit. »

    deux procureurs, l’un de la part du peuple et l’autre du costé de la vermine. Le procureur du peuple demande justice contre les sauterelles et chenilles, pour les chasser hors des champs ; l’autre répond qu’il ne les faut point chasser. Enfin toutes cérémonies gardées, on donne sentence d’excommunication contre la vermine, si dans certain temps elle ne sort. Cette façon de faire est pleine de superstition et d’impiété ; soit pour ce qu’on ne peut mener procès contre les animaux, qui n’ont aucune raison et comme ainsi soit qu’elles sont engendrées de la pourriture de la terre, elles sont sans aucun crime ; soit pour ce qu’on pêche et blasphème griefvement quand on se moque de l’excommunication de l’Église, car de vouloir soubmettre les bestes brutes à l’excommunication, c’est tout de mesme que si quelqu’un voulait baptiser un chien ou une pierre. » (P. 315 et 316.) Perinde et enim est excommunicationi velle subjicere an si quis canem aut lopidem baptisaret. (P. 159 et 160 du texte latin.)