Page:Agnel, Émile - Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge - Procès contre les animaux.djvu/44

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nuus quisque et providus operarius, qui presenti vita, velut in æstate, fructus justitiæ quos in æternum recipiet sibi recondit[1] ; de la charité, en s’aidant les unes les autres, quand la charge est plus grande que leurs forces : Pacis et concordiæ (dit un savant) vivum exemplum formica reliquit, quæ suum comparem, forte plus justo oneratum, naturali quadam charitate alleviat[2] ; et aussi de la religion et de la piété, en donnant la sépulture aux morts de leur espèce, comme l’écrit Pline : Sepeliuntur inter se viventium solæ, præter hominem[3] ; et que le moine Marchus a observé à l’appui de sa doctrine : Hæ luctu celebri corpora defuncta deportabant[4]. — Item, que la peine qu’elles avaient dans leurs travaux était beaucoup plus rude que celle des demandeurs pour recueillir, parce que la charge était bien souvent plus grande que leur corps, et leur courage supérieur à leurs forces. — Item, que, en admettant qu’ils fussent des frères plus nobles et plus dignes, cependant devant Dieu ils n’étaient aussi que des fourmis, et que l’avantage de la raison compensait à peine leur faute d’avoir offensé le Créateur en n’observant pas les lois de la raison aussi bien qu’elles observaient celles de la nature ; c’est pourquoi ils se rendaient indignes d’être servis et secourus par aucune créature, car ils avaient commis un plus grand crime en portant atteinte de tant de façons à la gloire

  1. D. Hieron, in illud., Prov. vi, Vade ad formicam, etc.
  2. Absalon Abbas apud Picinellum. in Mundo symbolico, lib. VIII, c. X.
  3. Plin., lib. XI, 36, 2.
  4. S. Hieron., in Vita Malchi.