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DANTE ET GŒTHE.

répandue dans l’Italie entière. Elle y avait rencontré une poésie populaire qui se dégageait du latin et s’essayait en de nombreux dialectes (Dante n’en compte pas moins de quatorze principaux). À ce contact, elle s’était modifiée, italianisée. On rapporte à saint François d’Assise l’honneur d’avoir un des premiers chanté dans l’italien naissant son hymne au soleil, que les « Jongleurs du Christ, » Joculatores Christi s’en allaient disant par toute l’Italie. Après lui, on nomme Guido Guinicelli, de Bologne, que Dante, en l’accostant dans le Purgatoire appelle Padre mio, et qui fut bientôt suivi de Cino da Pistoia et du grand Florentin Guido Cavalcanti. Aussitôt que la poésie a touché le sol toscan, y trouvant à la fois le plus beau des idiomes et ce génie si subtil que le pape Boniface l’appelait le cinquième élément de l’univers, elle s’épanouit et l’on voit rapidement fleurir un groupe nombreux de poëtes dont les œuvres, écrites dans le vulgaire illustre (c’est l’expression de Dante), assurent à la patrie dans les lettres la prééminence qu’elle avait conquise déjà dans la politique. C’étaient, entre autres, Guittone d’Arezzo, Dino dei Frescobaldi, Dante da Maiano qui correspondait en vers avec une poétesse sicilienne qu’il appelait « sa noble panthère, » et qui s’était éprise de lui ou de sa gloire jusqu’à se faire appeler la Nina di Dante.

VIVIANE.

Eh quoi ! cette Nina n’est pas la Nina du grand Dante ?