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Page:Agoult - Dante et Goethe - dialogues.djvu/48

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DANTE ET GŒTHE.

s’étale sottement, en nous dérobant la vue de la coupole de Mansard, sur un des rares points de Paris où l’on pouvait encore admirer la belle ordonnance d’un massif d’arbres séculaires, ces galeries où la lumière entre à flots contrariés par des ouvertures banales, et qui servent tantôt à l’exposition de l’art étrusque, tantôt à l’exposition des bêtes à cornes, ces statues qui déploient dans le brouillard leurs grands bras stupides, qu’en dirons-nous, je vous prie ?

DIOTIME.

Il ne faut pas rendre la démocratie responsable des circonstances dans lesquelles elle se produit, et qui font qu’elle ne saurait avoir à Paris, au xixe siècle, le goût et la passion du beau qu’elle avait à Florence au temps de Dante…

Nous l’avons laissé comme accablé sous la puissance de ce Dieu plus fort, de cet amour de nature divine qui s’est emparé de lui dès avant l’éveil des sens et de la raison. Mais il ne s’abandonne pas longtemps lui-même dans ce ravissement de tout son être ; bien au contraire. Comme il arrive dans les grandes âmes, la passion exalte en lui le sentiment de la personnalité, avec le besoin de l’excellence en toutes choses et le vertueux désir d’une vie glorieuse. Il souhaite la gloire ardemment et non pas seulement cette gloire abstraite, telle que nous la concevons dans nos sociétés vieillies, et dont le froid éclat ne resplendit que sur les tombeaux ; il en veut sentir à son front le rayon vivant.