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HISTOIRE

plus assurés de surmonter tous ces obstacles, et de satisfaire à tous les intérêts moraux et matériels de notre chère patrie. Maintenons fermement, selon la Charte, l’ordre social et toutes ses conditions. Garantissons fidèlement, selon la Charte, les libertés publiques et tous leurs développements. Nous remettrons intact aux générations qui viendront après nous le dépôt qui nous est confié, et elles nous béniront d’avoir fondé et défendu l’édifice à l’abri duquel elles vivront heureuses et libres. »

Ce langage ne pouvait laisser subsister aucun doute. Il était bien expliqué, bien entendu, que le ministère ne céderait pas d’une ligne à l’opposition dynastique. La manifestation des banquets n’avait à ses yeux d’autre caractère que celui d’une bravade inconsidérée, presque factieuse ; il considérait comme un droit, comme un devoir de la flétrir et de dénoncer à la France les hommes qui n’avaient pas craint de s’y associer, c’est-à-dire une minorité imposante dans la Chambre et une partie notable de la classe la plus influente dans le pays. C’était pousser l’infatuation jusqu’à la démence.

De crainte qu’on ne s’y méprit, M. Guizot avait d’ailleurs le soin de dicter au Journal des Débats et à la Revue des Deux-Mondes, ses organes quasi-officiels, des commentaires encore plus provoquants que le discours du trône. « Le ministère a relevé publiquement le gant qui lui était jeté, disait la Revue du 1er janvier. Qu’il l’ait fait sous une forme tant soit peu agressive, nous ne lui en ferons pas un reproche, nous trouvons au contraire merveilleux ceux qui accusent le gouvernement d’avoir fait du roi un chef de parti, comme si le roi n’avait pas, après tout, le droit d’être le chef de son parti.

« Si la question est ainsi posée, à qui la faute, sinon à ceux qui, dans les banquets, ont élevé ou laissé s’élever des partis contre celui du roi et de la Constitution ? Depuis six mois, nous voyons des caricatures rétablir les autels de Robespierre et de Marat, et y sacrifier les lois en