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Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/180

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CHAPITRE VIII

Première journée.


Le temps est brumeux, le ciel chargé de nuages gris, bas et lourds, que pousse un vent d’ouest humide et froid. Pendant que le Château repose encore dans une sécurité complète, Paris s’éveille inquiet et agité. Des craintes et des espérances vagues, des soupçons plus vagues encore, s’élèvent et retombent confusément au sein de l’universelle incertitude. Un seul sentiment distinct domine dans tous les cœurs : la colère.

La bourgeoisie est irritée de voir ses intérêts compromis avec ceux du cabinet conservateur qui, par un fol entêtement, la livre à tous les hasards de l’émeute. La garde nationale surtout, humiliée depuis plusieurs années par l’oubli systématique du gouvernement, voit s’approcher avec une certaine joie l’heure où son concours va devenir indispensable ; elle se promet de le mettre à haut prix et se répand en injures contre le ministère.

Quant au peuple, ses bonnes et ses mauvaises passions bouillonnent depuis si longtemps comprimées, que leur explosion, en de pareilles conjonctures, ne peut manquer de se faire avec violence.

Sans partager toutes les illusions du roi, les ministres sont loin cependant de connaître la gravité de la crise qu’ils