Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE X

Troisième journée.


Pendant que le glas du tocsin remplit l’air de tristesse et d’anxiété, pendant que la fusillade retentit au loin[1], le roi, affaissé ou absorbé dans des pensées qu’il ne communique pas, attend, aux Tuileries, le dénoûment de la crise ministérielle.

Vers onze heures, il apprend, par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance, l’événement désastreux du boulevard des Capucines ; mais ce récit, atténué sans doute par des bouches trop complaisantes, ne paraît pas troubler beaucoup Louis-Philippe. Malgré les craintes que laissent trop voir les ducs de Nemours et de Montpensier, malgré l’agitation et l’irrésolution des généraux Jacqueminot et Sébastiani, le roi demeure dans son attitude passive.

  1. Accouru en toute hâte de la préfecture de police, où le Le magasin d’armes de la rue Saint-Honoré fut enlevé d’assaut, vers onze heures et demie, malgré une résistance opiniâtre des gardes municipaux, forcés enfin de céder au nombre et à la fureur des insurgés. Dans la rue Rambuteau et dans les rues adjacentes, les gardes municipaux et les tirailleurs de Vincennes tentaient l’assaut des barricades. Sur la place Saint-Sulpice, une décharge à bout portant dispersait les attroupements ; à la caserne de la rue Saint-Martin, cernée par te peuple, les gardes municipaux se voyaient contraints de rendre leurs armes à la garde nationale.