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HISTOIRE

geurs soient châtiés. Après une courte halte, le cortège reprend sa route et s’enfonce dans les faubourgs. Arrivé sur la place de la Bastille, on dépose les cadavres au pied de la colonne de Juillet ; les torches consumées s’éteignent, on se disperse. Les uns courent dans les églises et sonnent le tocsin ; d’autres frappent aux portes des maisons et demandent des armes. On aiguise le fer ; on coule du plomb ; on fabrique des cartouches. Les barricades se relèvent de toutes parts. Le fantôme de la République se dresse dans ces ombres sinistres ; la royauté chancelle. Les morts ont tué les vivants. Le cadavre d’une femme a plus de puissance, à cette heure, que la plus valeureuse armée du monde.