yeux. Le duc de Nemours, pressé par ses instances et par celles de M. Thiers, tenta un nouvel effort auprès de Louis-Philippe qui consentit enfin à la dissolution de la Chambre. M. de Rémusat rédigea à la hâte une proclamation conçue en ces termes :
« Citoyens de Paris !
L’ordre est donné de suspendre le feu. Nous venons d’être chargés, par le roi, de composer un ministère. La Chambre va être dissoute. Un appel est fait au pays. Le général Lamoricière est nommé commandant en chef de la garde nationale. MM. Odilon Barrot, Thiers, Lamoricière, Duvergier de Hauranne sont ministres.
Des copies de cette proclamation furent immédiatement portées aux imprimeries de la Presse, du Constitutionnel et du National, par MM. de Girardin, Merruau et de Reims. Une heure après, on essayait de la placarder sur les murs ; mais rien ne pouvait plus arrêter le peuple. Les républicains épiaient, d’ailleurs, et déjouaient toutes les concessions du gouvernement. La proclamation du ministère Barrot fut partout déchirée et l’on mit à la place, au même instant, ce placard laconique rédigé par M. Flocon et composé à l’imprimerie de la Réforme par M. Proudhon, ancien ouvrier typographe : « Louis-Philippe vous fait assassiner comme Charles X ; qu’il aille rejoindre Charles X ! »
Il n’y avait plus à s’y tromper : le parti républicain levait la tête et s’emparait du mouvement. De son centre d’action, le bureau de la Réforme, une impulsion unique, transmise par des hommes audacieux, se communiquait de proche en proche, de barricade en barricade, à toute l’armée insurrectionnelle. MM. Flocon, Baune, Marc Caussidière, Lagrange, Étienne Arago, Sobrier, Ribeyrolles, Fargin-Fayolle, Tisserandot, etc., excitaient les combat-