de l’intérieur et des travaux publics, M. Thiers mit fin à la guerre civile de la Vendée en soudoyant un traître et en divulguant les faiblesses d’une femme. Cet homme sans fiel ni haine fit de la répression à outrance et du terrorisme constitutionnel, bien plutôt par fatuité d’énergie que par violence de tempérament ou par rigueur systématique. Les échecs de son ministère, auquel on a donné le nom de ministère du 1er mars, lui aliénèrent néanmoins et pour longtemps la confiance du parti conservateur.
Si M. Thiers a paru très-différent de M. Guizot, par certaines opinions particulières, par le côté extérieur du talent et par les habitudes du style, il lui est absolument semblable quant au principe et à la fin de la science politique. Également consommé dans l’intrigue et s’y plaisant comme à un exercice utile à l’élasticité de son esprit, insensible autant que M. Guizot à la passion du bien public, quoique plus aisément saisi, non par le côté grand, mais par le côté brillant des choses, le ministre du 1er mars a, sur son rival, l’avantage de posséder une fibre plus révolutionnaire et, sous ses cheveux gris, une sorte de juvénilité persistante qui charme souvent et désarme parfois ses adversaires. Il s’irrite et s’indigne au souvenir de Waterloo ; les traités de 1815 l’ont toujours trouvé rebelle. C’est par là qu’il encourait fréquemment la disgrâce du roi, mais c’est par là aussi qu’il séduisait et ramenait à lui l’opinion publique.
Quand les richesses lui sont venues, M. Thiers s’est pressé d’en jouir en homme qui a longtemps pâti. Aussi a-t-il laissé approcher de sa vie privée des cri-