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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

vernement venait de la dissoudre. La garde nationale, qui montrait du zèle et qui conservait encore assez d’ascendant sur le peuple, était harassée et ne pouvait suffire à tous les besoins.

Trois décrets furent rendus consécutivement dans l’après-midi du 25, à l’Hôtel de Ville, en vue de reconstituer une force publique. Le premier de ces décrets, qui suivait dans le Moniteur une proclamation où le gouvernement invitait l’armée à jurer amour au peuple, lui promettant que le peuple oublierait tout en serrant les mains de ses frères[1], enjoignait aux autorités départementales de sévir contre les déserteurs selon toute la rigueur des lois. Le second, dont M. de Lamartine a revendiqué l’initiative, portait création de 24 bataillons d’une garde nationale mobile qu’on devait recruter au sein même de cette partie de la population parisienne qui venait de faire la révolution. On confiait le soin de son organisation à un militaire d’un caractère et d’un talent éprouvés, le général Duvivier. On assurait à ce nouveau corps une solde exceptionnelle. Le troisième décret réorganisait les gardes nationales dissoutes par le dernier gouvernement pour des causes politiques.

Dans le même temps, l’un des secrétaires du gouvernement, M. Flocon, se mettait à la tête d’une colonne populaire qui marchait sur Vincennes et, la calmant peu à peu pendant le trajet, obtenait d’elle que, respectant l’honneur du soldat, elle se contenterait de sa soumission à la République et n’exigerait qu’une distribution partielle d’armes et de munitions.

Après avoir pourvu de la sorte à ce qu’il considérait comme nécessaire à la sûreté générale, le gouvernement songea à ses obligations plus particulières envers le peuple et prit quelques mesures inspirées par le sentiment populaire. Dès les premiers moments de l’invasion des Tuile-

  1. Voir aux Documents historiques, à la fin du volume, n° 10.