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HISTOIRE

le peuple français vient de conquérir au prix de son sang, pour le maintien de l’ordre social et pour l’affermissement de toutes nos libertés. »

« Des bravos répétés ont accompagné cette allocution du vénérable président. L’enthousiasme a augmenté encore quand M. Arago a dit avec émotion : « Citoyens, ce sont quatre-vingts ans d’une vie pure et patriotique qui vous parlent !… — Oui, oui, vive Dupont (de l’Eure) ! » Et celui-ci ayant répondu en s’écriant Vive la République ! ce cri s’est prolongé pendant plusieurs minutes.

« M. Crémieux, dans de chaleureuses paroles, a invoqué la mémoire des braves citoyens morts à la révolution de Juillet et dont les noms sont gravés sur le bronze de la colonne. Cette journée doit consoler leurs âmes affligées pendant dix-huit ans. Nul ne pourra désormais enlever au peuple les fruits de sa conquête. Le gouvernement républicain dérive du peuplé, et il s’y appuie. Toutes les distinctions de classe sont effacées devant l’égalité, tous les antagonismes se calment et disparaissent par cette fraternité sainte qui fait des enfants d’une même patrie les enfants d’une famille, et de tous les peuples, des alliés. Ces paroles ont été interrompues par les applaudissements les plus vifs.

« Le colonel de Courtais, commandant la garde nationale, a fait alors commencer le défilé ; mais la foule était tellement entassée qu’elle rompait les rangs. Elle défilait aussi devant le gouvernement provisoire, et, à chaque instant, les cris de Vive la République ! retentissaient avec éclat. Il a fallu près d’une heure pour le défilé de la première et de la deuxième légion. Les membres du gouvernement provisoire se sont alors mis en marche, afin de passer devant le front des autres légions échelonnées le long des boulevards. Depuis la place de la Bastille jusqu’à la hauteur du faubourg Poissonnière, ce n’a été qu’un seul cri dont l’écho se prolongeait au milieu d’une foule innombrable. Le