Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 1.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

isolée au milieu des tribus kabyles, dénuée de tout, dut sa conservation au talent d’organisation, à l’activité, à la constance, à l’infatigable dévouement de Cavaignac. Cependant, au lieu d’une récompense signalée à laquelle il avait droit, il reçut à la fin de la campagne sa nomination au grade de chef de bataillon des zouaves qui le plaçait sous les ordres du lieutenant-colonel Lamoricière. Cette mortification lui parut insupportable et, dans un premier mouvement de dépit, il demanda sa mise en non-activité temporaire et rentra en France[1].

En 1859, comme il se trouvait à Perpignan au moment où M. le duc d’Orléans y passait, le prince eut connaissance de cette situation qui pour être régulière n’en était pas moins défavorable à l’avancement. Tenté par l’idée de protéger un nom républicain, le duc d’Orléans obtint du ministre de la guerre que Cavaignac serait immédiatement employé comme chef de corps. On lui donna, en effet, le commandement d’un des trois bataillons de chasseurs à pied connus en Afrique sous le sobriquet de Zéphyrs et composés entièrement de soldats qui, pour des fautes graves contre la discipline, ont passé devant des conseils de guerre. Dans ce nouveau poste, Cavaignac, forcé de sévir fréquemment contre des hommes difficiles à conduire, contracta des habitudes de rigueur et une certaine dureté de langage dont il ne sut plus se défaire et qui nuisirent singulièrement à sa popularité. Peu de temps après, il fut nommé lieutenant-colonel des zouaves. Venu en congé, à Paris, vers le milieu de l’aimée 1840, il se vit de la part du duc d’Orléans, et bien qu’il n’eût pas voulu se présenter aux Tuileries, l’objet d’une constante bienveillance et reçut pendant son congé même le brevet de colonel. À partir de cette époque, le général Cavaignac ne quitta plus l’Algérie qu’à de rares et courts intervalles. Le désir de rendre des

  1. La mise en non-activité temporaire pour cause d’infirmités momentanée constitue dans l’armée une situation régulière qui peut se prolonger trois ans.