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HISTOIRE

hommes le besoin de repos domine toutes les passions, retrouva dans son ambition républicaine la verdeur de la jeunesse. Aidé d’un officier de grand mérite ; le lientenant-colonel Charras, ancien élève de l’école polytechnique, qu’il avait attaché à son ministère en qualité de sous-secrétaire d’État, il mit en deux mois l’armée sur le pied de guerre.

L’appel des classes arriérées ; depuis 1842 jusqu’à 1846, le rappel des militaires en congé, les engagements volontaires pour deux ans, l’achat de près de 50 000 chevaux de selle et de trait comblèrent les premiers vides. L’armée des Alpes, portée à 31 000 hommes, occupa les vallées de l’Isère, de la Saône et du Rhône[1]. Une réserve de 12 000 hommes de troupes aguerries, rappelées d’Afrique, fût concentrée dans la vallée de la Durance. On les remplaça par des hommes prélevés sur les contingents arriérés de 1843 et 1844, de manière que l’armée d’Afrique ne se trouvât point diminuée. Les gardes nationales furent armées. On leur délivra, au ministère de la guerre, pendant le mois de mars, 446 689 fusils, dont 150 000 pour la seule ville de Paris. Une réserve de 200 bataillons de gardes nationaux mobiles fut formée. Huit escadrons de guides furent créés pour les états-majors et pour le service de la correspondance. Cependant des économies considérables effectuées par la réduction des cadres de l’état-major, par la diminution des divisions et subdivisions militaires, par le licenciement de la garde municipale et par d’autres réformes opérées sur différents services permirent au ministre, lorsqu’il présenta à l’Assemblée consti-

  1. Le général de division Oudinot fut nommé commandant en chef de cette armée. Les événements qui ont tristement illustré son nom donnent de l’intérêt à la proclamation adressée par lui aux soldats, à son arrivée à Grenoble. J’y lis le passage suivant : « La République est amie de tous les peuples ; elle a surtout de profondes sympathies pour les populations de l’Italie. Les soldats de ces belles contrées ont souvent partagé, sur d’immortels champs de bataille, nos dangers et notre gloire ; peut-être de nouveaux liens ressortiront-ils bientôt d’une fraternité d’armes si chère à nos souvenirs. »