il se laissa même aller, sans trop de répugnance, avec les fouriéristes, à la réprobation d’un ordre social qui, pour se maintenir, avait eu besoin de diviniser et conséquemment de perpétuer la souffrance du plus grand nombre.
Les premiers disciples de Fourier, M. Just Muiron et M. Victor Considérant, élève distingué de l’école polytechnique, commencèrent en 1825 l’œuvre de propagande. Après la mort du maître, en 1837, M. Considérant, ayant groupé autour de lui des hommes de savoir et de talent, MM. Cantagrel, Vidal, Toussenel, Laverdant, etc., réussit à constituer définitivement l’école. Sous la direction de ces hommes moins enthousiastes, moins mystiques que les saint-simoniens, plus habiles par conséquent et plus portés aux concessions, l’école fouriériste, si elle n’eut point l’éclat de l’école saint-simonienne, s’établit sur de plus solides bases, parce qu’au lieu d’exagérer les doctrines du maître, à l’exemple des disciples de Saint-Simon, elle s’appliqua à les atténuer, à n’en présenter que le côté acceptable. Fourier avait été, dans les hallucinations de sa solitude, jusqu’à penser que le genre humain devait un jour achever de soumettre tous les éléments, et, changeant à son gré les conditions de l’atmosphère, contraindre la nature à produire des végétaux et des animaux supérieurs. L’école fouriériste se borna à enseigner que l’homme pouvait et devait changer le milieu social, et que, le principe vital de la société moderne étant l’industrie, c’était l’industrie qu’il lui importait de transformer, en substituant, dans les travaux agricoles et manufac-