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HISTOIRE

avaient jeté l’incertitude et le trouble dans les esprits. La complication qu’apportèrent dans la direction des affaires les mésintelligences inévitables entre les commissaires généraux et les commissaires particuliers, offensés de cette espèce de surveillance et de suprématie qui leur était imposée, enlevèrent au gouvernement sa plus grande part d’action et achevèrent de détruire le bon effet que rétablissement paisible de la République avait produit partout.

Le commissaire général nommé pour les quatre départements des Bouches-du-Rhône, du Var, des Basses-Alpes et de Vaucluse, M. Reppelin, avocat de Grenoble, appartenait à la fraction exclusive des républicains de la veille. À peine arrivé à Marseille, il se laissa circonvenir par les plus exagérés entre les révolutionnaires et blâma la conduite de M. Ollivier. La garde nationale, selon lui, était beaucoup trop bourgeoise ; il la fallait immédiatement dissoudre et reconstituer ; le comptoir d’escompte était présidé par un réactionnaire qu’il fallait destituer ; enfin, l’alliance avec les légitimistes et le clergé était une alliance adultère, et la candidature de M. Berryer, que M. Ollivier avait promis de ne pas combattre, devait être ouvertement repoussée.

À toutes ces prétentions d’un républicanisme absolu qui n’avaient aucun point d’appui dans une ville ou la révolution de Février n’avait pas trouvé plus de cent républicains,

    celle des travailleurs qui souffrent beaucoup de la suspension d’un grand nombre d’usines. Les malheureux consentent à ajourner leurs prétentions jusqu’à l’Assemblée constituante, mais à la condition qu’on n’éloignera pas cette époque désirée. Certes, les élections prochaines ne permettront pas à certaines personnes inconnues, qui tombent sur nous de Paris comme des nuées de sauterelles, de préparer leurs candidatures ; mais, d’autre part, elles empêcheront les partis vaincus de nouer leurs trames. Les conservateurs du passé ont besoin de temps pour préparer leurs intrigues ; nous, pour faire consacrer nos principes, nous n’avons besoin que d’enthousiasme. » (Le commissaire du gouvernement au ministre de l’intérieur, Marseille, le 22 mars 1848.)