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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

naire. Au milieu de la confusion et de la précipitation de toutes choses l’organisation des ateliers nationaux qui occupaient 9,000 ouvriers, se fit avec sagesse et discernement. Des améliorations, des embellissements d’une utilité générale occupèrent les ouvriers d’une manière qui satisfit les classes riches[1]. Enfin le comptoir d’escompte, organisé avec une promptitude merveilleuse par les soins de la chambre du commerce et le concours de la corporation des portefaix, vint en aide au commerce de telle façon qu’après un embarras momentané il reprit son mouvement normal sans avoir eu à souffrir la honte d’aucune faillite[2].

Tout allait donc bien, et la popularité que M. Ollivier s’était acquise dans toutes les classes préparait des élections excellentes, quand M. Ledru-Rollin, inquiété par les dénonciations qui lui arrivaient de tous côtés contre les commissaires, crut devoir, par une mesure générale, conférer des pouvoirs extraordinaires à des commissaires généraux auxquels il subordonna les commissaires particuliers.

Déjà les circulaires et les bulletins du ministère de l’intérieur, et surtout le retard impolitique des élections[3],

  1. Particulièrement les travaux du canal qui conduit à Marseille les eaux de la Durance et les distribue dans la ville ; le nivellement de la place de la Corderie, qu’aucune des administrations précédentes n’avait pu mener à bonne fin, à cause de l’opposition opiniâtre du génie militaire ; la promenade du Prado, etc.
  2. Le comptoir d’escompte de Marseille fut le premier qui fonctionna dans les départements. La chambre du commerce en fit les fonds principaux. Les portefaix déposèrent une somme de 60,000 francs.
  3. En réponse à une dépêche du ministre de l’intérieur qui demandait l’opinion des commissaires sur l’utilité d’un retard, M. Ollivier répondit par les considérations suivantes qui pouvaient s’appliquer à la presque totalité des départements :
    « À Marseille et dans les départements que je représente, la respiration sociale, si je puis parler ainsi, est suspendue jusqu’aux élections. Jusqu’à cette époque aucune affaire ne se fera, et si le délai se prolonge la stagnation pourra devenir un immense désastre. L’opinion du commerce, en majorité ici, ne saurait être douteuse ; elle se fortifie de