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CHAPITRE XXVII


Beaux-arts. — Loi électorale. — Professions de foi des candidats à la représentation nationale. — Ouverture de l’Assemblée constituante. — Le gouvernement provisoire à bien mérité de la patrie.


Personne, dans le gouvernement, ne reçut du spectacle que présenta la fête de la Fraternité une impression aussi vive que le ministre de l’intérieur. M. Ledru-Rollin avait l’âme jeune ; il se prenait aisément au côté extérieur des choses. Plus qu’aucun de ses collègues il se considérait comme l’auteur de la Révolution et portait à la République un amour qui tenait un peu de la paternité. Il aurait voulu que toutes les classes, que toutes les opinions fussent séduites par la grandeur clémente du gouvernement républicain, et, comme il savait que l’appareil guerrier plaît par-dessus toutes choses aux fils des Gaules, il s’était singulièrement réjoui de cette journée de baïonnettes fleuries, qui, pourtant aux yeux de tous les hommes politiques, marquait le terme de sa propre autorité et la dernière heure de son pouvoir éphémère.

C’est à cette sollicitude pour l’honneur et le renom de la démocratie qu’il faut attribuer aussi le soin particulier que prit M. Ledru-Rollin de rassurer, dès son entrée en fonctions, les artistes très-inquiets de leur avenir, et de convier tous les arts à célébrer l’avènement de la jeune République[1].

  1. C’était à ce moment-là l’épithète obligée dans le langage politique.