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HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

et d’infanterie arrivaient devant l’arc de triomphe, les chefs de corps montaient à l’estrade et, recevant le drapeau des mains du ministre de la guerre, juraient à haute voix fidélité à la République. Les soldats, détachant les fleurs enlacées à leurs armes, les jetaient en signe d’hommage aux pieds du gouvernement provisoire ; les femmes agitaient leurs mouchoirs en criant : « Vive l’armée ! »

Ce jour fut beau encore et plein d’illusions. Dans cette fête toute parée des plus riches dons du printemps, dans les effusions de la confiance universelle, la discorde et les mauvaises passions avaient honte d’elles-mêmes et rentraient dans l’ombre. Au sein de cette population immense, vieillards, femmes, enfants, magistrats, soldats et prêtres, tous se sentaient au fond du cœur joyeux de la même joie.

Les partis, les factions, les classes, dociles à la voix de la patrie, animés d’un bon désir, semblaient se convier mutuellement à une grande destinée et, confiants dans les desseins de Dieu sur la France, se dire, comme ces amis de la sagesse aux beaux jours de la Grèce antique : Essayons le génie en vivant ensemble.