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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

La politique laïque ne montra pas, à beaucoup près, le tact et la convenance de la politique ecclésiastique : elle passa les bornes ; la plupart des candidats royalistes ne gardèrent, dans leurs professions de foi, aucune mesure. Craignant sans doute de ne pas faire assez en se déclarant républicains, ils professèrent le socialisme. Les exemples en sont trop nombreux pour pouvoir être cités tous ; je choisis les plus considérables. Dans sa circulaire aux électeurs du Doubs, M. de Montalembert s’accuse avec componction d’avoir partagé, non pas l’indifférence, mais l’ignorance de la plupart des hommes politiques sur plusieurs des questions sociales qui occupent aujourd’hui une si grande et si juste place dans les préoccupations du pays ; il appelle la liberté l’idole de son âme ; il se vante d’avoir toujours proclamé la légitimité du peuple et le droit divin des nationalités[1].

M. de Falloux, que l’on verra plus tard si prononcé contre la République, proclame son admiration pour le peuple de Paris, et dit qu’il a donné à la victoire un caractère sacré ; rappelant le mot fameux de M. de Chateaubriand, qui s’était proclamé naguère monarchique par principes, républicain par nature, il affirme que ce mot « est parfaitement sincère, surtout dans la bouche des hommes de l’Ouest. »

M. Denjoy, qui vota à l’Assemblée constituante des lois répressives, voulait alors la gratuité de renseignement à tous les degrés, depuis l’asile jusqu’à l’école professionnelle ; il exigeait la rétribution, la retraite assurée à tous par l’État et devenant un dogme que suive immédiatement l’application.

M. Léon Faucher affirme que l’État a qualité pour mettre les instruments de travail à la portée du plus grand nombre, en développant les institutions de crédit et par la réforme hypothécaire. L’État peut, disait-il, limiter l’expan-

  1. Voir la circulaire de M. de Montalembert aux électeurs du Doubs, 3 avril 1848.