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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

bès adressa du donjon de Vincennes, au président de l’Assemblée, une lettre dans laquelle il achevait de détruire les vagues accusations du rapport. « À chacun la responsabilité de ses paroles et de ses actes, écrivait M. Barbès ; on accuse le citoyen Louis Blanc d’avoir dit dans la journée du 15 mai, aux pétitionnaires « Je vous félicite d’avoir reconquis le droit d’apporter vos pétitions à la Chambre ; désormais, on ne pourra plus vous le contester. » Ces mots, ou leur équivalent, ont été, en effet, prononcés dans cette séance ; mais il y confusion de personnes ; ce n’est pas Louis Blanc qui les a dites, c’est moi ; vous pouvez les lire dans le Moniteur, écrits quelque part après mon nom. » Un pareil témoignage était irrécusable, et il fit dans l’Assemblée le meilleur effet. Cependant il restait encore contre M. Louis Blanc une accusation très-grave ; il avait été vu à l’Hôtel de Ville ; le maire de Paris l’affirmait ; c’était là le fait décisif. Dans la séance du lendemain, 3 juin, M. Dupont (de Bussac) interpella à ce sujet M. Marrast. Celui-ci, dont les propos, plus légers que perfides, n’avaient pas eu à ses propres yeux la gravité d’une accusation formelle, les regretta et s’efforça d’en prévenir les conséquences. Il ne craignit pas de faire à la tribune une rétractation complète : il dit avoir cru, en effet, que M. Louis Blanc avait été vu à l’Hôtel de Ville, mais il reconnut qu’il s’était laissé abuser par quelques apparences sans fondement, et ajouta qu’aujourd’hui, mieux informé, il lui restait la conviction la plus complète que M. Louis Blanc n’avait pas mis les pieds, le 15 mai, à l’Hôtel de Ville[1].

Ainsi donc le seul fait précis qui se fût élevé contre M. Louis Blanc était détruit. Le reste de l’accusation ne se composait plus que de faits sans authenticité et d’inductions forcées. Néanmoins, telle était encore dans l’Assemblée

  1. Cette déclaration verbale de M. Marrast n’était que la répétition d’une déclaration écrite que les représentants Lefranc, Raynal, Pelletier étaient allés lui faire signer à l’Hôtel de Ville peu d’heures avant la séance.