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HISTOIRE

l’irritation contre M. Louis Blanc, que lorsqu’on procéda au vote, une première et une seconde épreuve furent déclarées douteuses ; un bruyant tumulte, qui dura près d’une demi-heure, montra toute la passion qui emportait les esprits. Il fallut passer au scrutin de division ; il donna une majorité de 32 voix sur 706 contre les conclusions du rapport.

Le cabinet vota avec la majorité, à l’exception d’un de ses membres, M. Bastide. Le résultat immédiat du vote fut la retraite de M. Jules Favre et les démissions de MM. Portalis et Landrin.

Cette malheureuse affaire porta un nouveau coup à la commission exécutive, et elle acheva de la dépopulariser dans Paris. Le peu d’accord de ses membres entre eux, leur manque de décision et de franchise apparurent à tous les yeux avec une évidence accablante ; une réprobation générale de l’opinion se manifesta avec force dans le sein de l’Assemblée et au dehors.

C’était dans des circonstances pareilles, quand la discorde éclatait partout, que l’on imaginait de célébrer la fête de la Concorde. Cette fête était offerte aux gardes nationales des départements, dont les délégués devaient être passés en revue dans le champ de Mars par la commission exécutive et par l’Assemblée. Le gouvernement n’avait pas voulu que la revue eût un caractère purement militaire. L’Agriculture, l’Industrie et l’Art y devaient être représentés. Toutes les professions, tous les métiers, portant leurs insignes et des œuvres excellentes de leur travail, allaient passer sous les yeux du peuple et lui montrer, pour ainsi dire, son propre génie dans ses applications les plus variées. On n’épargna rien pour rendre cette solennité splendide. La saison la favorisait ; le lieu était merveilleusement approprié au déploiement des pompes théâtrales. La pensée, le plan, la décoration, tout était bien conçu et fut bien exécuté. L’à-propos seul manquait.

Le mécontentement de la population parisienne en était