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Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/315

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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

sonnes qui l’allaient voir dans sa prison revenaient charmées de son accueil. On louait la facilité avec laquelle il supportait des privations dont sa santé même avait souvent à souffrir. On lui trouvait un esprit médiocre, mais qui semblait juste ; on le croyait éclairé par l’expérience.

Il souffrait qu’on le questionnât, et, quoiqu’il évitât de se prononcer, il paraissait incliner vers les idées républicaines. « La République serait mon idéal, disait-il à MM. Degeorges, Peauger, Louis Blanc, et aux autres républicains qui allaient le visiter, mais j’ignore si la France est républicaine. Je vois dans son histoire les deux éléments monarchique et républicain exister, se développer simultanément. Si le pays m’appelle un jour, je lui obéirai ; je réunirai autour de moi tous ceux qui veulent la liberté et la gloire ; j’aiderai le peuple à rentrer dans ses droits, à trouver la formule gouvernementale des principes de la Révolution. »

Les articles qu’il insérait dans la Revue du Pas-de-Calais exprimaient à peu près la même pensée et lui valaient les éloges de la presse républicaine. « Louis Bonaparte n’est plus un prétendant, disait le Journal du Loiret, c’est un citoyen, un membre de notre parti, un soldat de notre drapeau. » Les socialistes surtout se rapprochaient de lui avec empressement. Louis-Napoléon semblait goûter les idées de M. Louis Blanc. Il contribuait à la publication du journal fouriériste ; dans plusieurs de ses écrits il avait développé le système russe des colonies militaires, qui n’étaient pas sans quelque rapport avec le phalanstère. Le titre même de l’un de ses ouvrages : Extinction du paupérisme, annonçait des préoccupations socialistes, ou, pour parler le langage du temps, des idées humanitaires.

Il se formait ainsi de bien des sympathies diverses, de bien des courants d’opinion, autour du nom de Bonaparte, une force considérable[1]. Le retour des cendres de l’Empe-

  1. Je lis dans une lettre, écrite à cette époque, une curieuse appréciation de ces courants d’opinion : « Dans cet état de choses, beau-