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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

délibération la meilleure conduite à tenir ; plusieurs avis furent ouverts.

L’une des personnes les plus avancées dans la confidence de Louis Bonaparte, M. Vieillard, l’engageait à se rendre sur l’heure à l’Hôtel de Ville, afin d’y présenter son hommage au gouvernement provisoire. D’autres personnes cherchaient à l’en dissuader. Le prince serait reçu avec indifférence, dit un républicain qui connaissait bien l’état des esprits ; peut-être même avec dédain, comme lui homme de nulle importance ; il valait mieux écrire : en même temps un projet de lettre était soumis à l’approbation du prince, qui jusque-là avait écouté le débat sans y prendre part. Ce projet fut trouvé trop explicite. On ne devait pas, disait M. Vieillard, se prononcer d’une manière aussi formelle. Paraître plus révolutionnaire que le gouvernement provisoire, ce serait lui donner une leçon, lui créer peut-être des embarras ; d’un autre côté, se montrer moins révolutionnaire que lui, ce serait compromettre la popularité du nom de Bonaparte : il fallait éviter avec un soin égal ces deux écueils.

Le prince ayant approuvé son ami, on rédigea une lettre insignifiante, à laquelle le gouvernement provisoire ne répondit qu’en exprimant le désir que Louis-Napoléon quittât la France. Le prince ne fit nulle difficulté d’obtempérer à ce désir. Ses partisans ne jugeaient pas le moment venu pour lui de se montrer ; son nom prononcé dans les clubs n’y avait pas trouvé d’écho. Le gouvernement provisoire, M. de Lamartine surtout, était alors l’objet d’un enthousiasme qui ne souffrait aucune diversion. Louis Bonaparte repartit donc pour Londres ; mais ses amis restèrent et commencèrent à s’entremettre pour lui avec un zèle redoublé. Ils avaient des moyens de propagande tout organisés sous la main, les associations bonapartistes ne s’étant jamais entièrement dissoutes en France.

La Société des débris de l’armée impériale, qui s’était constituée au retour des cendres de l’Empereur, et qui