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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

il les aida à rédiger des statuts, leur fit ouvrir, le 28 mars, l’ancienne prison des détenus pour dettes à Clichy, et obtint pour eux, du ministre de l’intérieur et de la ville de Paris, une commande considérable d’habillements pour la garde nationale sédentaire et pour la garde mobile. M. Louis Blanc contribua aussi à fonder une association de selliers et une association de fileurs.

Au bout de peu de temps, ces associations, malgré les difficultés résultant de la crise industrielle et de l’impossibilité où se trouvaient les ouvriers sans fortune de réunir un capital suffisant, réussirent, ainsi que les mécaniciens de l’établissement Derosnes et Cail, à réaliser des bénéfices modestes. C’en était assez, dans la disposition des esprits, pour que leur exemple fût suivi. L’idée de l’association gagna de proche en proche. Les ouvriers de Paris, mus par un ardent désir d’affranchissement, préférant à la loi des maîtres tous les sacrifices que leur imposaient ces tentatives imparfaites d’indépendance, supportant avec un courage admirable, dans une pensée d’avenir, les privations et le joug aggravé du présent, firent à leurs risques et périls une expérience qui devait profiter au prolétariat tout entier[1].

L’administration par des commissions électives, la discipline soumise à un jury également choisi par l’élection, l’égalité du salaire et l’égale répartition des bénéfices entre tous les associés, sans tenir compte ni de la quantité ni de la qualité de l’ouvrage, furent la base commune de ces associations diverses. Par la suite cette organisation dut se modifier, l’égalité des salaires ayant été reconnue à l’épreuve aussi contraire à l’intérêt collectif qu’à l’équité. Pour

    des ouvrières est de cinq à six mille. (Voir les excellents articles de M. Cochut, sur les associations ouvrières, National du 24 janvier 1851 et des jours suivants.)

  1. En 1852, un essai d’association entre les tailleurs avait été fait à Nantes. Il échoua par mauvaise gérance. En 1848, quelques villes départementales imitèrent Paris, et des associations mutuellistes s’organisèrent à Tours, à Reims, à Lyon, à Angers, etc.