le moment, il importe seulement de constater comment, du sein même des délibérations les plus vagues sur des théories conçues a priori par un esprit systématique, sortit spontanément, en vertu même d’une liberté qu’on y attaquait trop souvent avec violence, un essai de réalisation pratique[1] que l’on peut considérer comme le point de départ de l’organisation naturelle du prolétariat, comme l’origine d’une commune industrielle destinée avec le temps à devenir, pour les prolétaires du monde moderne, ce que fut la commune du moyen âge pour les bourgeois : la garantie des droits et la sécurité de l’existence par la combinaison et la confédération des forces[2].
Les soins donnés par M. Louis Blanc à ce qu’il appela les ateliers sociaux, les arbitrages qui lui étaient sans cesse demandés au Luxembourg et les séances du gouverne-
- ↑ « En cherchant les chimères, ils trouveront les lois éternelles, » disait Bernard Palissy, parlant des alchimistes du seizième siècle.
- ↑ Il sera intéressant de consulter une statistique de l’industrie de Paris résultant de l’enquête faite par la Chambre du commerce pour
les années 1847 et 1848 (un vol. in-4o chez Guillaumin). Dans un article
du Journal des Débats, 7 juillet 1852, M. Michel Chevalier, qui rend compte de cette publication, s’exprime ainsi en en citant un fragment :
« La tendance des ouvriers à s’élever s’est manifestée par un autre phénomène sur lequel l’attention publique a été appelée à plusieurs reprises : la formation d’associations ouvrières. Les recenseurs de la chambre de commerce les ont consignées à part dans leurs relevés ; ils en ont visité plus de cent, mais elles sont en bien plus grand nombre. Beaucoup appartiennent à des professions que la chambre de commerce laissait en dehors de son cadre, aux professions commerciales proprement dites ou à celles des restaurateurs et des coiffeurs. Il en est qui ont mal tourné : d’autres, au contraire, ont réussi. Dans la plupart de ces associations, disent les auteurs de la Statistique de l’industrie à Paris, « la direction des affaires a été confiée aux hommes les plus capables : on a fait appel au dévouement individuel, de grands efforts ont été faits pour pousser les travailleurs à placer leur point d’honneur à se conduire d’une manière régulière, en se respectant eux-mêmes dans leur personne et dans leur tenue. Dans les moments les plus difficiles, l’économie la plus sévère a été acceptée, et l’on a cité des associations où, pendant toute une année, les sociétaires sont restés sans boire de vin. »