Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/105

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l’un des nombreux agents de Philippe aux Pays-Bas, lui conseillait, pour rétablir son crédit, de faire un coup d’éclat ; il l’exhortait à sauver son honneur, en rendant au roi et à la religion catholique un service mémorable en tuant ou en faisant tuer le prince d’Orange. Anastro, qui était « grand ennemi des hérétiques[1] », goûta la proposition et conclut le marché avec Jean d’Isuncha, qui lui promit, de la part du roi, quatre-vingt mille ducats, une commanderie en Espagne, et lui remit une lettre signée de Philippe, qui le recommandait aux magistrats dans le cas où, le coup venant à manquer, il tomberait aux mains de la justice. Mais, comme Anastro ne se sentait pas la main aussi ferme que son cœur était cupide, il chercha pour l’exécution du meurtre un bras plus assuré. Son teneur de livres, Antoine Venero, s’en excusa ; son commis, Jaureguy, plus zélé catholique, après avoir consulté un religieux de l’ordre des Jacobins, nommé Zimmerman, qui l’approuva fort et lui promit, s’il succombait, la gloire du martyre, se prépara à cette action, devenue sainte à ses yeux, par le jeûne et par la prière.

Il ne s’agissait plus que de choisir une circonstance favorable. De concert avec son maître Anastro, Jaureguy décida d’attendre l’occasion d’une fête au palais du prince d’Orange, afin d’y pouvoir entrer plus librement, dans la foule des serviteurs. Le 18 mars, jour

  1. Strada.