Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/106

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anniversaire de la naissance du nouveau duc de Brabant, Guillaume donnait en son honneur un banquet. Jaureguy passe toute la matinée en oraison. Il entend la messe, reçoit la communion, se couvre de reliques ; puis, ayant caché sous son vêtement un pistolet et un poignard, bu un verre de vin de Malvoisie pour se remettre du jeûne, il se glisse dans le palais, à la faveur de sa petite taille[1] et de la langue flamande qu’il parlait avec facilité, et se mêle aux gens de service. Le prince d’Orange dinait en nombreuse compagnie : son fils Maurice, ses neveux, sa femme, sa sœur, la comtesse de Schwartzbourg, les comtes d’Egmont, de Laval, de Hohenlohe, le chevalier de Bonnivet, un grand nombre d’autres seigneurs et de gentilshommes étaient assis à sa table, dont il faisait les honneurs avec une courtoisie que la joie publique, qu’il partageait, rendait plus affable encore que de coutume. A l’issue du repas, comme il sortait de la salle, entouré d’un groupe de convives, et qu’il s’arrêtait sur les premières marches de l’escalier pour montrer au comte de Laval une tapisserie qui représentait, avec une vérité effrayante, des scènes de l’inquisition d’Espagne, Jaureguy s’approche et lui tend un placet. Jamais Guillaume ne se détournait de quiconque implorait son secours ;

  1. W. Herrle, dans une lettre adressée à lord Burgley, 20 mars 1582 (Groen van Prinsterer, 1re série, supplément), dépeint ainsi Jaureguy « A person of small stature and less representation, of face pale drawing to a black melancholic colour. »