Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/107

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il prend le placet des mains du traître et se met à le parcourir. Alors, Jaureguy, par un mouvement rapide, tire son pistolet, se pousse vers le prince, lui applique le canon sous l’oreille droite, fait feu ; la balle traverse la mâchoire. Guillaume, tout étourdi du coup, chancelle. Soutenu par les serviteurs qui l’entouraient, il est porté à sa chambre. Il n’était pas encore revenu à lui, que son assassin avait cessé de vivre. Bonnivet et les autres gentilshommes, témoins de l’attentat, s’étaient jetés sur Jaureguy et l’avaient percé de leurs épées. Les hallebardiers du prince l’avaient achevé. Le jeune Maurice, le fouillant aussitôt, avait saisi sur lui des papiers qui faisaient connaitre son nom, sa profession, son pays, les motifs et les complices de son crime.

La rumeur de l’événement se répand dans la ville. Avant qu’on ait pu connaître aucun détail, le peuple, qui croyait le prince d’Orange tué, s’écrie que c’est de la main des Français. Le matin même, ils avaient assisté à la première messe célébrée dans l’église de Saint-Michel, rendue au culte. Les Noces de Paris sont présentes à toutes les imaginations. Les protestants ne mettent pas en doute que ce premier coup ne soit, comme le meurtre de Coligny, le signal du massacre. Sans perdre de temps, la milice prend les armes chaque quartier ferme ses grilles, chaque rue tend ses chaînes. On arrête tous les Français que l’on rencontre. Les plus animés d’entre le peuple courent, la pique et