Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/109

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Dieu, s’interrogeait elle-même et scrutait sa glorieuse vie. Il demandait avec émotion au ministre Villiers, qui l’assistait, comment il rendrait compte au souverain juge de tant de sang versé dans la guerre : digne angoisse d’un cœur aussi bon qu’il était grand ; scrupule, regret unique d’une âme forte et douce, où jamais la piété humaine n’avait été outragée.

Pendant tout le temps que la vie de Guillaume parut menacée, l’inquiétude publique n’eut pas de trêve ; la population entière était à genoux. Nuit et jour, les églises retentissaient de prières et de sanglots. Le jeûne, les pénitences, les expiations et les larmes assiégeaient le trône de Celui qui tient en sa main la vie des hommes. Enfin, un cri de joie s’élève Guillaume était sauvé. Le médecin Botalli, attaché au duc d’Anjou, avait eu l’idée, pour arrêter l’hémorrhagie, dont on ne parvenait pas à se rendre maître, de faire tenir auprès du prince plusieurs personnes, qui se relayaient sans interruption et tenaient le doigt appuyé sur sa veine ouverte. Ce moyen avait réussi. Dès que le prince d’Orange fut en état de se soutenir, il voulut aller au temple pour remercier Dieu, pour se retrouver encore une fois au milieu de ce peuple qu’il aimait, et qu’il avait cru ne jamais revoir. Le 15 mai, on rendit, à Anvers, de publiques actions de grâces pour sa convalescence. Les transports de la foule, qui se pressait sur ses pas, remplirent son cœur d’une douce émotion. Toutefois, à partir de ce jour, il resta convaincu que la vie ne lui