Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était rendue que pour peu de temps, et que le fer des assassins ne s’éloignait pas de sa poitrine.

La fureur du peuple contre Jaureguy et ses complices s’était cependant assouvie. Anastro était hors d’atteinte, il avait gagné Calais ; mais le teneur de livres Venero et le moine Zimmerman avaient été pris ; ils confessèrent la connaissance qu’ils avaient eue du crime[1], et en subirent la peine. Le corps de Jaureguy fut trainé sur une claie par le peuple jusqu’à la place du Marché. Le bourreau le coupa en quatre, et chacun des morceaux fut suspendu au-dessus de l’une des portes de la ville, où il demeura jusqu’à la prise d’Anvers par le duc de Parme. Alors, les jésuites recueillirent solennellement ses os et les présentèrent comme des reliques à la vénération des fidèles[2]. C’était justice Jaureguy était un confesseur de leurs maximes ; il mourait victime de sa docilité à leurs enseignements[3].

  1. Zimmerman déclara qu’il avait cru qu’on pouvait tuer le prince en bonne conscience, puisqu’il était proscrit par ordre du roi. (Brandt, liv. XIII.)
  2. Strada.- Van-Meteren, ch. xi, fol. 245.
  3. On trouva sur Jaureguy le catéchisme de la Société, avec des formules de prières à son usage, écrites en langue espagnole. L’une de ces prières était adressée à l’ange Gabriel, pour lui demander d’intercéder auprès de Jésus-Christ afin qu’il fût donné à Jaureguy de réussir dans son dessein et de n’être pas tué subitement. ( La Pise, iv° partie, p. 524.) Jauregny faisait vœu aussi d’employer une partie de la somme qui lui était assurée pour son crime à l’achat de robes et de couronnes pour la Mère de Dieu de Bayonne, pour la Mère de Dieu d’Aranzosu, etc. Il promettait un riche rideau au Seigneur Jésus-Christ, The life of Egerton, page 273.)