Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/114

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Espagnols des Pays-Bas et d’acquérir ces provinces à l’influence française. Mais le duc d’Anjou n’avait pas l’esprit assez haut pour comprendre la grandeur d’un pouvoir tempéré par les lois. Vaniteux à l’excès, François de Valois se persuadait qu’il était indigne d’un fils de France de gouverner, selon ses institutions, un peuple libre ; il se repentait d’avoir laissé au prince d’Orange la souveraineté des provinces bataves, comme s’il avait dépendu de lui de dicter des conditions ; il était mécontent de la petite part de gouvernement qui lui était laissée par les états ; il voulait rétablir partout, de force, le culte extérieur de la religion romaine, s’assurer des revenus publics en annulant le contrôle des états, se faire proclamer enfin, par son armée, souverain absolu des dix-sept provinces. La reine Catherine, qui, de loin, croyait la chose facile, lui promettait pour récompense la main de l’infante d’Espagne. Selon les usages de la cour de Rome, le pape l’avait délié de son serment. Henri III, qui devait plus tard renier son frère, ne voyait pas sans plaisir une occasion de trouble qui pouvait forcer les Pays-Bas à se jeter dans les bras de la France. Les jeunes seigneurs de la maison du duc d’Anjou, aventuriers ou mignons, ne cessaient de le solliciter à cette extravagance criminelle. Irrités des représentations du prince d’Orange, qui tâchait de contenir leur turbulence, fâchés surtout de ne pouvoir éclipser de leur faste la solide opulence des bourgeois flamands qu’ils affec-