Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/115

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taient de dédaigner, ils avaient hâte de « gouverner à tour de bras dans ces belles et grandes villes remplies de richesses[1] ». Jean Bodin, le chancelier du duc, qui faisait autorité en matière d’État, conseillait de préparer l’entreprise dans le plus profond secret et de l’exécuter vivement. Le duc n’écoutait que trop cet avis ; il éloignait de sa personne tous les seigneurs qui auraient pu lui en donner de plus sages. Se défiant plus que d’aucun autre de Philippe Duplessis, envoyé du roi de Navarre[2], qu’il voyait en fréquentes conférences avec le prince d’Orange et les membres des états, il s’en délivre sous le prétexte d’une mission en Allemagne, et dispose tout, avec ses favoris Fervaques, Rochepot, Saint-Aignan, pour une exécution prochaine[3]. On décide de s’emparer le même jour de toutes les villes où les Français tiennent garnison. L’ordre est donné, pour le 17 janvier 1583, aux commandants des places de Bruges, Termonde, Dunkerque, d’exciter quelque

  1. La Pise, ive partie, p. 530.
  2. Henri, qui comprenait dès ce temps toute l’importance du soulèvement des Pays-Bas, promettait, par l’entremise de Duplessis, de venir à la tête de trois mille hommes entretenus à ses frais, si les états généraux voulaient lui déférer la souveraineté des Provinces-Unies mais les états n’avaient point confiance en la solidité de ce, prince, et les calvinistes rigides doutaient fort de sa religion, « qui se destrempoit un peu dedans les voluptez. »(Groen van Prinsterer, tom. v, p. 520.)
  3. « Ce jeune duc, jeune d’ans, jeune d’expérience, jeune en conseil, jeune en conduite, prend avis et conseil de jeunes gens comme lui. Dix-sept jeunes seigneurs de la cour, à tête verte, à menton net de poil, défroqués d’entendement, furent les seuls conseillers de cette vraiment folle et insensée entreprise, » (La Pise, ive partie, p. 529.)