Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/122

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plus le renom de déloyale, et qui avait perdu contre des bourgeois sa réputation de vaillance[1]. »

Après avoir vu de ses propres yeux la misérable fin de sa folle aventure, le duc d’Anjou se retira précipitamment dans le château de Berchem, d’où il adressa le soir même aux états généraux une lettre fort humble pour s’excuser auprès d’eux, leur demander des vivres, les prier de lui faire rendre ses papiers et ses équipages. Les états ordonnèrent aux magistrats d’Anvers d’envoyer au duc des provisions, mais ceux-ci n’osèrent obéir, de crainte de s’attirer la colère du peuple ; et, comme sir John Norris occupait tout le Waasland, le duc fut contraint par la faim à sortir de Berchem et à se replier sur Termonde, où il espérait pouvoir passer l’Escaut pour gagner Dunkerque. Cette retraite ne se fit pas sans péril. Le peuple de Malines avait inondé la campagne. Au passage de la Dyle, gonflée par les pluies, plus de cinq cents soldats se noyèrent. Le duc de Montpensier faillit être englouti ; le duc d’Anjou lui-même, entré dans l’eau jusqu’aux épaules, ne s’en tira qu’avec peine. Sur ces entrefaites, Farnèse, qui ne laissait jamais échapper l’instant favorable, marchait contre le maréchal Biron ; il le battait dans les dunes, près de Steinberg, et s’emparait de Hoogstraten, essayant en même temps de négocier avec les villes de Flandre pour les exhorter à se soumettre, et avec le

  1. Duplessis-Mornay, Mémoires.