Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/131

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sa personne, persuadé d’ailleurs que son influence dans les provinces wallones était détruite, et qu’il serait impuissant désormais à les retenir sur la pente rapide de la servitude où elles se laissaient glisser, Guillaume se décide à quitter Anvers, pour n’y plus jamais revenir. Il résolut de rentrer dans sa chère, dans sa constante et forte Hollande, où il devait retrouver, accrus encore par les adversités des derniers temps, l’amour, le respect, la confiance et le dévouement du peuple. Après avoir pris quelque repos dans la ville de Delft, où lui naquit bientôt, de sa nouvelle union avec la fille de Coligny, un fils qu’il nomma Frédéric-Henri[1], il vint à Middelbourg, en l’assemblée des états, pour les exhorter encore à ne pas rompre avec la France et à renouer le traité du Plessis-lèz-Tours aux conditions nouvelles proposées, avec l’assentiment de Henri III, par le duc d’Anjou. Les états se rendirent, quoique avec peine, aux raisons que leur donna Guillaume, et surtout à la crainte qu’inspiraient les progrès du duc de Parme ; et l’on venait d’envoyer une députation à la cour de France, lorsqu’on apprit soudain la mort du duc.

François de Valois était mort à Chateau-Thierry, le 10 juin 1584,à l’âge de trente ans. La rumeur publique attribua sa fin prématurée au poison des Guise ; mais le venin qui troubla si hâtivement chez ce jeune prince

  1. C’est alors qu’il prit pour emblème un alcyon qui bâtit son nid sur la mer courroucée, et plane doucement au-dessus des flots, avec cette légende : Sœvis tranquillus in undis.