Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/16

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cis, dédaignaient les demeures sédentaires, l’agriculture et les arts, qui ne bâtissaient point de temples et adoraient leurs divinités dans le silence et l’horreur sacrée des bois, n’étaient point sensibles à ces rudesses de la nature. Ils campaient et s’isolaient, avec leurs vaillantes compagnes, dont les hurlements les excitaient aux combats, sur des monticules qu’ils élevaient de leurs mains, entre de vastes flaques d’eau, à la façon des castors dont ces terres aquatiques étaient alors très-peuplées. Exercés dès l’enfance à la chasse et à la guerre, accoutumés à nager dans les eaux profondes, à traverser à cheval et tout armés les neuves débordés, ils préférèrent longtemps leur indépendance farouche aux habitudes policées des Belges soumis par les Romains. Jamais ils ne subirent complètement la domination romaine que César avait su faire aimer, et qu’Auguste acheva de fonder dans la Gaule belgique. Bien que sous Auguste et ses successeurs on leur eût concédé des établissements en deçà du Wahai, dans les Campines, le Hainaut et la Flandre, et que leurs colonies eussent des relations journalières avec les Belges, jamais ils ne purent se façonner aux mœurs de leurs voisins. Les garnisons qu’ils étaient forcés de subir, les flottes qui stationnaient sur le Rhin et le lac Flevo leur apportaient, à la vérité, quelques éléments d’une civilisation nouvelle et leur communiquaient les premières notions des arts et du commerce. On dit que Germanicus fonda chez eux des écoles : Drusus et Corbulon firent creuser des canaux,