Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/161

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impression, plus vive que durable, n’empêcha pas l’opinion française de gagner du terrain. Les partisans de la France n’avaient pas de peine à démontrer l’impossibilité pour les Provinces-Unies de continuer seules la guerre contre Farnèse. On n’avait plus, disaient-ils, ni chefs ni soldats. On ne pouvait pas espérer voir renaître un autre Guillaume. Et lui-même, ce grand homme si vénéré, dont la mémoire était si chère à la République, n’avait-il pas toujours conseillé l’alliance française ? Pourquoi craindre pour la liberté et la religion ? La réforme n’était-elle pas tolérée en France ? Le Dauphiné, la Provence, la Bretagne, n’avaient-ils pas gardé leurs États-Généraux après leur réunion à la couronne ? Pourquoi les Provinces-Unies seraient-elles plus maltraitées ? Pourquoi Henri III serait-il plus tyrannique dans des États nouvellement acquis qu’il ne l’était dans ses États héréditaires ? D’ailleurs, par l’extinction certaine de la maison de Valois en la personne de Henri qui n’avait plus ni frère ni fils, la couronne ne passait-elle pas dans la maison de Bourbon, protectrice des réformés ? Henri de Navarre, l’espoir et l’amour des peuples protestants, ne monterait-il pas sur le trône ? A ces considérations favorables à la France, on ajoutait toutes celles qui militaient contre l’alliance anglaise. On montrait la froideur d’Élisabeth, la situation géographique de l’Angleterre, qui ne lui permettait pas comme à la France d’arrêter la marche des armées espagnoles vers les Pays-Bas. On montrait surtout aux zélateurs de