Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/160

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qui depuis quelque temps avaient entamé des négociations particulières et secrètes avec Élisabeth, y soulevait de violents débats. On avait voulu connaitre l’avis de tous les conseils des villes, celui du Conseil suprême de la cour de Hollande et de la Chambre des comptes. L’ordre équestre avait cru devoir, en cette circonstance, faire une convocation générale de la noblesse, à laquelle avaient été appelés jusqu’aux cadets de famille. Le jeune prince Maurice, très-alarmé de ces débats, et qui n’osait encore prendre la parole ouvertement dans les assemblées, essayait en particulier l’influence de son nom. Il croyait possible de se sauver sans l’intervention française. Il suppliait les bons citoyens de ne pas sacrifier la patrie et la maison de Nassau au roi de France ; il rappelait à mots couverts que l’on avait naguère jugé suffisant de confier le salut de l’État au prince son père. Mais le plus éloquent, le plus intrépide à combattre le parti français, ce fut le pensionnaire de Gouda, François Franken. Dans un mémoire chaleureux, qu’il lut en pleine assemblée des États au nom de la ville de Gouda, il soutint qu’il fallait combattre jusqu’à la dernière extrémité plutôt que de se confier encore la duplicité, à la perfidie françaises ; plutôt que de faire alliance avec un prince absolu, aveuglément zélé pour la religion romaine, lié par le sang au roi d’Espagne, et conduit par la plus déloyale, par la plus traitresse et méchante femme qui eût jamais existé. Cette lecture produisit sur l’assemblée beaucoup d’impression ; mais cette