Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/168

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rejet de ces propositions qu’on l’avait été dans les Provinces-Unies pour savoir s’il convenait de les faire. La reine Catherine craignant, si l’on repoussait le vœu des Flamands, de perdre Cambrai que le duc d’Anjou lui avait cédé en propre, faisait bonne mine aux envoyés ; mais, comme elle tenait à ne pas rompre avec Philippe II, elle réservait son opinion définitive. Le roi de Navarre, au contraire, dans des plans politiques qu’il devait un peu plus tard tenter de réaliser, se prononçait pour qu’on écoutât les Provinces-Unies. Le président de Thou était de cet avis, ainsi que la plupart des hommes éclairés et des bons citoyens[1]. Mais ils ne purent prévaloir. Leur voix fut étouffée par les représentations intéressées de plusieurs membres du Conseil que pensionnait l’Espagne, par les frayeurs vraies ou feintes des courtisans, par les clameurs des factieux. Henri III, qui voyait se former, avec l’appui du pape et de Philippe II, une nouvelle ligue des princes de Lorraine, et qui sentait le soi trembler sous lui, n’osa pas risquer un acte de politique vigoureuse et tourner, en se mettant à leur tête, contre les Guise et l’Espagne qui

  1. Après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI avait déjà formé ce projet de réunion. Il voulait détruire la force de la maison de Bourgogne en lui enlevant les provinces wallones. « Nous le recognoissons (le pays de Flandre), dit Ëtienne Pasquier (liv. V, lettre première), estre de l’ancien estoc et domaine de nostre couronne. Il est aux portes de nostre ville de Paris et par manière de dire un faubourg ; toutefois jamais ne s’est préparé occasion pour le recouvrer que nous ne l’ayons laissé échapper. »