Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/24

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à Utrecht, qu’il avait conquis sur les Frisons, une chapelle chrétienne, Radhod se défendait encore contre Pépin d’Héristal qui tentait de lui imposer par les armes la foi nouvelle. Mais enfin il succombe.

Pépin le contraint à payer le tribut, à échanger son titre de roi contre celui de duc ; puis il fait venir du Northumberland l’apôtre Willebrod, qu’il charge de convertir Radbod avec son peuple. Le missionnaire obtient à ses débuts quelques succès et il est sacré à Ems évêque de toutes les Frises. Mais ces succès sont de courte durée. Les Frisons opiniâtres reviennent à leurs dieux nationaux et mettent Charles Martel dans la nécessité de reprendre, par des moyens plus énergiques, l’œuvre difficile commencée par son père. Quelque temps encore Radbod soutient la lutte ; puis enfin, ébranlé par de nombreuses défaites, il se dispose, a la persuasion du missionnaire Wolfram, à recevoir le baptême (788). Mais, au moment où la cérémonie va s’accomplir, quand déjà Radbod a mis le pied dans la piscine sacrée, il lui vient en pensée de demander à l’apôtre « Où donc sont allés mes ancêtres ? Dans l’enfer, répond Wolfram ; dans l’enfer avec tous ceux qui ont vécu et qui sont morts dans l’idolâtrie. — Puisqu’il en est ainsi, dit le roi des Frisons, je n’abandonnerai pas les miens qui sont dans l’enfer pour aller trouver les tiens qui sont dans le ciel. » Et il retire son pied des fonts de baptême[1]. Un miracle vient à propos ;

  1. Johann. A. Leid. Chron. belg., lib. I, c. 23.