Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/23

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leur cours ; la chaine des dunes cède à la véhémence des tempêtes. Les villes et les camps des Romains sont submergés, engloutis avec leur mémoire abhorrée.

Après quelque temps de cette impénétrable nuit qui couvre dans le monde entier les ruines de l’empire, après les invasions confuses des Francs, des Vandales, des Alains, des Suèves, des Saxons, des Huns, des Normands, qui ne laissent sur le sol que des ravages, on voit reparaître le nom des Frisons. Ces derniers conquis des Romains sont aussi les premiers à surgir des ténèbres. C’est chez eux que nous allons retrouver dans toute son énergie l’instinct des vieilles races.

L’État indépendant auquel les chroniqueurs donnent le nom de Frise et qu’ils distinguent, sur les deux rives du Vlie, en Frise orientale et Frise occidentale, paraît s’être étendu successivement le long de ! a mer du Nord, de i’Ems au Rhin, à la Meuse et à l’Escaut, c’est-à-dire à peu près à la totalité des territoires dont se composera plus tard la république des Pays-Bas-Unis. Il serait vain de s’arrêter à la succession fabuleuse des chefs ou rois frisons. Le premier d’entre eux qui acquiert une réalité historique, c’est un certain Radbod qui vivait vers la fin du septième siècle et à qui se rapporte l’apparition du christianisme dans ces contrées reculées. Longtemps ce chef barbare et idolâtre lutta contre le Dieu des Francs convertis, comme ses ancêtres avaient lutté contre les dieux de Rome. Longtemps après que le mérovingien Dagobert eut fait bâtir