Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/47

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rapport même des historiens les moins favorables[1], les Hollandais étaient un peuple né pour l’indépendance, fidèle à la foi jurée, porté même à l’amour pour ses souverains, lent à vouloir les choses nouvelles, patient[2], plein d’abnégation, mais aussi d’une volonté inflexible et, comme devait l’exprimer plus tard la devise de son grand stadhouder, inébranlable à maintenir ce qu’une longue tradition lui fait considérer comme son droit. Le caractère indépendant des femmes hollandaises, leur forte constitution, leur loyauté, leur activité dans les affaires, où elles excellent, leur autorité au foyer où elles règnent sans partage, leur chaste fécondité perpétuent dans la race les vertus et les fiertés premières. « Ces peuples, disait Charles-Quint, font des sujets excellents, mais de détestables esclaves. » Et le grand empereur, parlant ainsi, les jugeait avec plus d’équité qu’il n’en mit par la suite à les gouverner.

L’habitude des affaires et des armes civiques, le respect de la loi-au-dessus de la crainte des grands, un amour inné de la patrie qu’entretenaient des institutions particulières, une instruction généreusement répandue[3], rendaient les peuples de la Hollande incom-

  1. Bentivoglio, Strada.
  2. On dit encore « la patience hollandaise », hollandsche patientie.
  3. Les paysans hollandais savaient généralement lire et écrire ; la plupart des gens du peuple connaissaient les rudiments de la grammaire et cela dans un temps, dit Prescott, où la lecture et l’écriture constituaient une éducation que ne possédaient pas toujours en d’autres pays les hommes du rang le plus élevé. (Hist. du règne de Philippe Il).