Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/50

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le onzième siècle, un laïque nommé Tanchelyn avait fait trembler le clergé par la violence de ses attaques. Parcourant le pays d’Utrecht, les Flandres et la Zéelande, somptueusement vêtu, servi comme un roi, ce sectaire attirait à sa suite des multitudes auxquelles il prêchait le mépris des sacrements, le refus de la dime, la désobéissance aux évêques. Le fanatisme qu’il inspirait paraîtrait incroyable si on ne l’avait vu renouvelé, à cinq siècles de distance, chez les disciples de Jean de Leyde. Les hommes buvaient comme un breuvage sanctifiant l’eau dans laquelle Tanchelyn s’était baigné. Les femmes se prostituaient à lui en présence de leurs époux et de leurs mères, dans la persuasion où il les avait mises d’accomplir un ordre de Dieu. Au quatorzième siècle les opinions de Wiclef s’étaient glissées en Hollande. Les hérésies de Jean Huss et de Jérôme de Prague, rapportées aux Pays-Bas par quelques soldats qui avaient suivi l’expédition de l’empereur Maximilien en 1420, y avaient trouvé crédit. Quand la doctrine de Luther y fut enseignée, la secte des anabaptistes, fondée au commencement du siècle par le Saxon Nicolas Stork, et celle des mennonites ou téléobaptistes qui prenait son nom du Frison Menno Simonsz, avaient déjà jeté dans la Hollande et dans la Frise de profondes racines.

À côté de ces mouvements hétérodoxes, il s’était aussi produit dans l’Église des Pays-Bas, comme dans toute la catholicité, une tendance à la réforme régulière des abus, qui, sans attaquer le dogme, voulait son épura-