Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Juifs, les Indiens idolâtres. La rigueur des édits, un moment tempérée par la prudence du clergé national, et surtout par la nécessité de faire droit aux plaintes du commerce que la retraite des marchands protestants menace de ruine, est renouvelée, aggravée. Les bûchers se rallument. Le bourreau reprend son office. Le peuple irrité se presse en plus grande foule autour de ses prédicateurs. Il se rassemble la nuit dans les bois, à la clarté des torches. A cheval, le pistolet au poing, le ministre de l’Évangile donne le signal des chants guerriers d’Israël. Tout annonce le combat.

La noblesse, enfin, s’émeut. Une vingtaine de gentilshommes s’assemblent à Bruxelles. Ils se lient par serment contre l’inquisition d’Espagne. Des copies de ce serment, qui fut appelé le Compromis des nobles, se répandent et se couvrent de signatures. On décide de présenter une requête à la régente. Le 3 avril 1566, deux cents confédérés, à cheval et en armes, font leur entrée dans Bruxelles. Un descendant des comtes de Hollande, Bréderode, et le comte Ludovic de Nassau, le Bayard de la Réforme, sont à leur tête. Une foule nombreuse les entoure et les acclame. Le surlendemain S avril, ils se présentent au palais et demandent audience. Lorsqu’ils sont introduits, Bréderode, prenant la parole au nom de tous, expose les griefs de la nation ; il remet à la régente tout en larmes une requête, soumise encore dans les termes, mais qui paraît insupportable aux courtisans. A peine Bréderode et les siens