Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/54

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ment à Charles-Quint qui la comblait de bienfaits, la dépendance où les états généraux et provinciaux étaient tombés en souffrant les empiétements successifs de la puissance royale, un certain relâchement aussi dans l’exécution des édits, ralentissent pour un temps l’élan populaire. La prudence de Marie de Hongrie, sœur de l’empereur, tient les choses en suspens. Il fallait l’humeur monacale de Philippe II, l’idée qu’il s’était faite de sa prérogative absolue fondée sur le dogme catholique, son aversion manifeste pour les Pays-Bas dont il ne parlait pas la langue, et son instinct tout espagnol qui voyait dans l’intégrité de la foi le signe d’un sang plus pur, pour exaspérer un peuple patient, pour violenter en quelque sorte les intérêts, les habitudes et l’honneur qui retenaient la noblesse autour du trône. Du fond de l’Espagne où l’ont rappelé son inclination, le souci que lui causent les préparatifs de Soliman, les mouvements des Morisques, les progrès des huguenots dans le midi de la France, et même quelque commencement d’hérésie au cœur de ses États catholiques, Philippe veut imposer de force aux Pays-Bas, où, malgré son serment solennel dont il s’est fait relever par le pape, il a laissé des troupes espagnoles, les décrets du concile de Trente. Par l’installation évêques nouveaux et étrangers, il change toute la constitution ecclésiastique du pays. Le bruit se répand qu’il veut établir aux Pays-Bas l’inquisition d’Espagne et traiter les protestants comme il traite les Morisques,