Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/61

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l’empereur Rodolphe et neveu de Philippe II, au lieu de tout concilier comme l’avait espéré le prince d’Orange, faillit tout perdre. Mais ce traité, ne satisfaisant ni le roi dont il prétendait pourtant réserver les droits, ni les deux religions que l’on voulut contraindre à se tolérer, fut rompu « pendant que la trompette sonnait encore[1]. » Les provinces du Sud, rejetant l’hérésie qui les avait émues un moment, reviennent à l’entière soumission aussi bien envers l’Église qu’envers la royauté catholique.

Alors, le prince d’Orange comprend qu’il faut concentrer le soulèvement et resserrer le lien de la confédération. Il engage les provinces du Nord, protégées par la mer qui les met en communication avec l’Angleterre et avec la Rochelle, et assure ainsi la liberté de leur commerce, il exhorte la Hollande et la Zéelande surtout, dont les écueils, les grèves et les vastes marais pouvaient si aisément être défendus, à s’unir, par un serment nouveau, d’un nœud plus étroit. Tandis que les provinces méridionales, le Brabant, la Flandre française, le Hainaut et l’Artois, se disposaient sous l’influence de la noblesse à la soumission au roi d’Espagne, tandis que les troupes wallones, prenant le chapelet, quittaient l’armée de Guillaume pour passer dans celle d’Alexandre Farnèse, les députés des provinces du Nord s’assemblent à Utrecht. Ils se lient par serment, le

  1. Apologie du prince d’Orange.