Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/60

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remportent l’année suivante, dans les eaux du Zuyderzée, sur la flotte du roi d’Espagne, une incroyable victoire. L’héroïsme semble l’état naturel de ces insurgés, doublement exaltés par le péril de la patrie et par le péril de Dieu. Au siège de Leyde, en 1574, dans les souffrances d’une horrible famine, le commandant de la garde bourgeoise, Van der Doës, sommé de se rendre aux Espagnols, leur fait cette réponse : « Quand les vivres viendront à manquer, nous mangerons notre bras gauche le bras droit nous suffira pour défendre contre vous nos libertés. »

Cependant, la lutte était plus qu’inégale. Non-seulement le roi d’Espagne avait à sa solde des armées exercées et, pour les commander, de grands capitaines ; non-seulement le prince d’Orange ne pouvait lui opposer que des troupes à peine formées, des multitudes indisciplinables, des alliés faibles ou douteux, mais encore la discorde régnait dans les provinces entre les catholiques, les luthériens et les calvinistes, entre les grands seigneurs et les bourgeois, entre les magistrats et le populaire. Effrayée des excès des briseurs d’images, jalouse aussi du prince d’Orange, la noblesse wallone, restée catholique et royaliste, compromettait par ses hésitations la cause nationale. La convocation des états généraux à Gand (8 novembre 1576), le traité connu sous le nom de Pacification, que les nobles signèrent au nom de toutes les provinces et par lequel ils se donnaient pour gouverneur l’archiduc Mathias, frère de