Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/63

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blique tint bon contre les plus furieux assauts.

D’une condition précaire, comme il s’en était peu rencontré dans l’histoire, la Hollande s’éleva dans un espace de temps très-court à la plus extraordinaire prospérité. En dépit d’un établissement politique très-défectueux, qui n’était à bien dire qu’un pacte fédératif conclu à la hâte, où ni la nature ni la hiérarchie des pouvoirs, ni la notion de l’État ni ses rapports avec la cité et avec l’Église n’étaient clairement définis, et qu’il fut toujours impossible de perfectionner, tant étaient opiniâtres les jalousies provinciales et municipales et les ombrages de l’esprit de secte ; en dépit d’une constitution si vague qu’on ne sut jamais bien où elle plaçait la souveraineté : dans le sénat des villes, dans les états provinciaux, dans les états généraux ou bien dans le stadhoudérat ; en dépit des conflits, des révolutions que ne pouvait manquer de susciter une loi si mal faite, la République s’assura en elle-même. Si elle ne fut jamais un État selon la science politique, on peut dire qu’elle fut mieux, car elle fut une patrie aimée passionnément, une religion vivante dans le cœur du peuple. La foi chrétienne aussi, qui fut là plus qu’ailleurs une foi nationale et qui se confondit avec le patriotisme, eut sa part, sa grande part dans les vertus qui maintinrent la République.

Pendant une période d’environ deux siècles, son accroissement, son éclat, furent prodigieux. Malgré les vices de son gouvernement, malgré les ambitions oppo-