Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/64

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sées du stadhoudérat et des municipes qui lui laissaient peu de repos, malgré l’orgueil de son oligarchie qui s’infatuait et se rendait haïssable au peuple, elle étendit de plus en plus son influence au dehors. Elle fonda par delà l’Océan des établissements solides, acquit avec probité des richesses inouïes, et s’en servit pour instituer une bienfaisance publique exemplaire. On la vit se mesurer sur terre et sur mer avec les plus puissants États, arrêter l’orgueil d’un conquérant, donner un roi à un peuple rival et, dans le même temps, maintenir chez elle des libertés singulières ; cultiver les sciences et les lettres, s’illustrer dans les arts, éclairer la conscience des nations et les principes du droit nouveau par des écrits d’une admirable sagesse ; décliner enfin, il est vrai, s’altérer dans ses vertus civiques, descendre au moindre rang des États, puis succomber sous l’invasion étrangère et perdre jusqu’à son nom ; mais plutôt, il faut le dire, par l’effet des changements survenus dans l’ordre général de la politique européenne que par les conséquences de ses fautes, bien qu’elle en ait commis, et de très-grandes : respectable d’ailleurs encore, sous le nom de royauté et sous une dynastie nationale, par des traditions, par des mœurs et par des libertés qui gardent l’ineffaçable empreinte de sa première et noble origine.