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Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/73

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rut plus d’une fois comme hésitante. Le sang des Valois, récemment mêlé au sang des Médicis, était tout catholique. D’ailleurs, la rébellion des princes protestants, qui tendaient à constituer la France en république à l’instar des cantons suisses, et aussi la haine sanguinaire du peuple de Paris contre les huguenots, poussaient la cour à se prononcer dans le sens de l’orthodoxie. Toutefois, l’orgueil national, si vigilant à repousser les empiétements du saint-siége, et qui venait de se heurter aux décrets du concile de Trente, incompatibles, disait-on, avec les droits de la couronne et les libertés de l’Église gallicane, l’extrême défiance que les Valois nourrissaient contre les Guises, la crainte que leur inspirait la puissance espagnole, de fréquents sujets d’irritation contre les papes, trop souvent d’accord avec l’Espagne, retenaient sa cour dans une politique ambiguë, variable selon les personnes et les circonstances.

De son côté, l’Angleterre n’avait pas été préservée de la contagion des idées nouvelles et ne restait pas étrangère aux troubles du continent. Élisabeth, que la grandeur de son esprit préservait de tout fanatisme, et qui, par un goût royal, inclinait aux pompes et à la hiérarchie catholique, se flatta quelque temps de concilier les sectes chrétiennes ; mais bientôt cette reine habile, qui ne détournait pas son oreille de la voix mystérieuse qui sort des profondeurs du peuple et savait plier son génie à cette fatalité des rois, sentit que la nation an-